Catherine GEEL :


Je travaille aussi bien comme journaliste écrit ou radio dans le domaine du design, que dans la direction de projets. Je suis également photographe, toujours en ce qui concerne les objets.

Tu penses être " amoureuse " des objets ?

Non, je ne suis pas amoureuse des objets, mais je suis complètement fascinée par eux. Ils me semblent être extrêmement important dans tout ce qui nous entoure. Ils racontent plein de choses sur les différentes cultures... Une tasse en France, en Italie, ou une bouteille de shampoing à Londres, à Barcelone ou à Delhi ; ce n'est pas la même chose ! Ca donne des indications, et sur la manière dont on s'en sert, et sur celui qui l'a fait ou la crée, même si on ne le connaît pas. C'est la seconde vie des objets qui m'intéresse... Ou la vie derrière si tu préfères.
La vie derrière, c'est la phase de conception ?

C'est ce qu'on en perçoit quand on regarde les objets, puis en allant au-delà ; puisque c'est aussi mon métier ; c'est effectivement comment ils ont été conçus, pourquoi, pour quel type d'utilisateur, par quel type d'industrie mais aussi les sentiments ou les sensations qui habitent l'objet...Tous ces éléments racontent des choses sur notre manière à tous de vivre aujourd'hui.

S'agissant des cultures différentes par rapport aux objets, tu disais que chaque culture a son mode de fonctionnement qui se transmet aux objets. Tu crois qu'en France par exemple, on a une façon particulière de percevoir l'objet

On a une façon particulière de percevoir l'objet sans doute, et aussi de moins en moins particulière aujourd'hui, puisque les choses sont de plus en plus globales. Mais par exemple, en ce qui concerne le mobilier ou la manière dont on est installé chez soi, c'est encore très différent suivant le pays. En France, on est encore dans ce que j'appelle la " représentation sociale ", c'est-à-dire que l'intérieur, sert le plus souvent à montrer de façon assez codifiée la position que l'on occupe dans l'échelle sociale. Ce n'est pas exactement pareil en Angleterre par exemple.

Et comment c'est en Angleterre ?

En Angleterre ou en Italie, il y a un rapport plus ludique et une excentricité permise ou recherchée plus importante, ils s'amusent avec les formes et les couleurs, ils sont esthétiquement, plus avertis que nous, l'idée d'un bon goût est bien fort, le jeu a moins de conséquences, c'est moins " garve "... En France ont ne s'amuse pas encore avec les formes et les objets. Peut-être un jour, mais pas pour le moment.

Mon travail, c'est aussi ça, c'est donner à voir d'autres types d'objets, des choses qui sortent peut-être un peu du cadre doré et du fauteuil Louis XVI.

Que penses-tu de Milan, qui est un mythe, la ville du Design ?

C'est vrai ! Milan est le centre européen du Design, la Brianza, la région du Milanias est l'endroit où est implantée la plus grande industrie au niveau mobilier. La France n'a pas une industrie extrêmement développée en la matière. L'Angleterre moyennement, plus dans la tradition Art & Krapht, c'est-à-dire un artisanat assez contemporain ; la France pas vraiment. Et l'industrie du meuble, les grandes maisons d'éditions sont nées en Italie après la seconde guerre mondiale. Donc c'est vrai que c'est là-bas que ca se passe !

Comment tu te situes par rapport aux designers, au travail qu'ils accomplissent ?

Mon boulot, c'est de les rencontrer, d'apprendre d'eux, de leurs techniques, de leur travail, de la manière dont ils envisagent les choses puis de les faire connaître. Parce que leur travail est intéressant et mérite qu'on regarde un petit peu mieux ces objets - là. On est toujours dans la même histoire, c'est que les objets disent quelque chose et que leurs objets à eux, pour moi, disent vraiment quelque chose.

Tu photographie les objets. Qu'est ce que tu cherches à montrer ?

C'est raconter une histoire ! Pour moi chaque objet raconte une histoire, je pense que chaque personne qui regarde un objet ne voit sans doute pas la même histoire, et en fait à travers les photos d'objets, je peux raconter mes histoires à moi !